Synthèse crise zone euro du 26 février/03 mars 2012 : cours euro-dollar : 1,32

Publié le par le blog de Fran. R.

 

euro

 

La semaine écoulée a été très riche en évènements, aussi bien concernant l'évolution de la crise grecque que sur les efforts de gouvernance de la zone euro, dans un contexte de crise économique. Le belge Herman Van Rompuy a été reconduit ce 02 mars pour deux ans et demi à la tête de l'Union européenne, donc, jusqu'à la fin novembre 2014 à l'unanimité des 27 chefs d'Etat et de gouvernement

La BCE, en avant toute ! Massive injection de liquidités au bénéfice des banques européennes

Mercredi dernier, le 29 février, les banques commerciales de la zone euro ont emprunté 529,5 milliards d'euros auprès de la Banque centrale européenne (BCE) lors de la seconde opération de refinancement à trois ans (LTRO)  ( BCE : 2ème opération de refinancement à long terme ).

 

Interviewé avant-hier soir à Bruxelles, sur Bloomberg TV, le President de la BCE, M. M. Draghi s'est dit "raisonnablement satisfait" de cet afflux de liquidités aux banques.

A ce propos, les banques italiennes ont emprunté  139 mlds d'euros, soit 26% du total. La seconde banque italienne, Intesa SanPaolo s'est adjugée 24 mlds d'euros. En revanche, quid des banques françaises qui n'ont pas souhaité en dire plus sur leur participation à cette opération.

Concernant l'opération en elle-même, les analystes et les investisseurs sont en désaccord sur l'impact de ce second LTRO : En effet,  pour certains, ce geste de la BCE va se traduire par davantage de prêts et d'investissements par les banques ; de ce fait, ces dernières pourront engranger davantage de profits renforçant par là même leurs bilans. De plus, elles pourront aider leurs gouvernements nationaux par l'achat d'obligations d'Etat. En revanche, pour d'autres, ceci est un révélateur de la fragilité du secteur bancaire européen, dépendant à souhait du soutien de la banque centrale européenne.

En tout état de cause, la conséquence immédiate a été le dépôt d'une somme record auprès de la BCE, d'un montant inégalé de 776,9 mlds d'euros pour les dépôts au jour le jour à un taux de 0,25%. Mais comme l'avait déjà mentionné M.M.Draghi, ce ne sont pas forcément les mêmes banques qui empruntent et qui déposent de l'argent auprès de la BCE. A suivre ...

L'autre impact immédiat a été la détente des marchés obligataires de la zone euro. Ainsi, jeudi dernier, la France et l'Espagne ont réussi leurs émissions obligataires, avec des taux en baisse. L'Espagne a pu lever 4,5 mlds d'euros d'obligations sur des échéances allant de 2 à 4 ans tandis que la France a pu placer 8 mlds d'euros d'OAT pour des échéances de 5 à 15 ans. Et pour la première fois depuis août 2011, le rendement des obligations italiennes à 10 ans est passé en dessous de la barre des 5%.

Au total, en deux mois, la BCE a procédé à une injection massive de liquidités de l'ordre de 1.000 milliards d'euros dans le système bancaire de la zone euro et ce, afin d'éviter à tout prix un "credit crunch". Cela aurait été une catastrophe eu égard des difficultés économiques actuelles ...

L'Europe au ralenti : croissance, inflation, chômage

En effet, les derniers indicateurs de la zone euro font état d'une fragilité. Ainsi, l'indice manufacturier de février PMI s'élève à 49 pour l'ensemble de la zone euro, donc inférieur à 50, signe d'une contraction. Des disparités européennes subsistent entre le coeur de l'Europe (France : 50 et Allemagne : 50,2) et les autres, inférieur à 50 comme l'Italie à 47,2.

Quant à l'inflation, elle s'élève à 2,6% sur un an dans la zone euro en janvier contre 2,7% en décembre selon les statistiques de Eurostat. Les prévisions pour l'année 2012 tablent pourtant sur un taux de l'ordre de 2% conforme au au seuil fixé par la BCE de 2% également. De ce fait, il n'est attendu aucune hausse de son taux directeur à 1% la semaine prochaine.

Le ralentissement de l'activité de la zone euro s'est traduit par un taux record de chômeurs à 10,1% de la population active (corrigé des variations saisonnières) avec 24,3 millions de chômeurs dont dont 16,925 millions d'individus dans la zone euro.

 

Des disparités subsistent entre l'Europe du nord (Allemagne (5,2%), Pays-Bas (5%) et l'Autriche (4%)) et l'Europe du sud (Espagne (23,3%), en Grèce (19,9% en novembre 2011), ainsi qu’en Irlande et au Portugal (14,8% chacun). Quant aux jeunes de moins de 25 ans, en janvier 2012, le taux de chômage était de 22,4% dans l’Union et à 21,6% dans la zone euro, soit 5,507 millions de personnes dans l’Union, dont 3,314 millions dans la zone euro.

Et le pire est que le marché du travail en Europe devrait rester atrophié compte tenu du fait que de nombreux Etats européens sont entrés en récession. D'ailleurs, la Commission européenne prévoit une récession "légère" avec un recul du PIB de l'ordre de 0,3 % en 2012. Et les politiques d'austérité chassent d'autant plus les perspectives de croissance.

L'instauration de la "règle d'or"

A ce sujet, la "règle d'or", archétype de la discipline budgétaire en Europe a été signé le 02 mars par 25 pays de l'Union européenne, à l'exception du Royaume-Uni et de la République tchèque.( Pacte budgétaire européen, fondement de "la règle d'or" ). Deux pays sont d'ors et déjà en difficulté pour appliquer ce traité. Il s'agit de :

- l'Espagne : déficit public à 8,51% du PIB en 2011 avec un objectif de 4,4% en 2012 et 3% en 2013.
- les Pays-Bas : déficit public : 4,5% du PIB en 2012 avec des prévisions supérieures à 3% du PIB : 2014 (4,1%), 2015 (3,3%).

D'autres pays restent en mauvaise passe comme l'Italie qui est parvenue à ramener son déficit public à 3,9% du PIB l'an dernier contre 4,6% en 2010.

Quant au Portugal qui vient juste de se voir attribuer par la "troïka" une aide de 14,9 mlds d'euros a affirmé par son premier ministre M.Coelho qu'il tiendrait coûte que coûte ses objectifs de déficit (4,5% en 2012 et 3% en 2013 contre 5,9% en 2011).Il pourrait revenir sur les marchés en 2013 mais cela n'est pas certain. Le pays enregistre une récession sévère avec un recul du PIB de l'ordre de 3% cette année. A suivre ...

Et pendant ce temps, la crise grecque continue

Cette semaine a été marquée par la dégradation de la note grecque par l'agence de notation S&P au niveau du "défaut" sélectif (SD)le 27 février dernier, ce qui a conduit la BCE a adjugé à la Grèce une aide d'urgence. S&P a ajouté que dès que l'échange de dettes sera fait, il est fort probable que la Grèce ait un relèvement de sa note à CCC. D'ailleurs, l'agence Fitch avait procédé de la même façon la semaine dernière avec la note "C".

Le 29 février dernier, l'Eurogroup a vérifié le respect des conditions d'octroi de l'aide de 130 mlds d'euros à la Grèce, soit 38 "réformes prioritaires". Il s'ensuit un déclenchement de l'aide du Fonds européen de stabilité financière (FESF) i.e. 35 milliards d'euros de garanties nécessaires pendant la période d'échange des dettes grecques à la BCE + 30 milliards d'euros aux créanciers privés lors de l'échange de leurs titres + 5,5 milliards pour le remboursement des intérêts échus sur ses créances privées + 23 milliards d'euros aux banques grecques. 

 

Ce plan d'aide à la Grèce est prévu au lendemain de la clôture de l'échange de la dette, à savoir le 09 mars. Et ce n'est qu'entre le 12 et 14 mars, que les fonds devraient être activés au bénéfice de la Grèce.

Pendant ce temps, un groupe secret de créanciers représentant 15 grandes banques se sont également réunis ce mercredi pour ne pas activer l'évènement de crédit : la restructuration de dette de la Grèce n'entraînera donc pas des paiements pour les détenteurs de titres de couverture de défaillance ou "credit default swap" (CDS), qui fonctionnent comme une assurance contre un événement.

Quant au FMI, l'institution internationale avance à pas feutrés dans le financement du plan d'aide à la Grèce. Le verdict est prévu pour le 13 mars prochain.

Tout ceci n'a pas convaincu l'agence de notation Moody's qui vient juste ce 02 mars d'abaisser également la note de la Grèce de "Ca" à "C, sans perspective de note nouvelle. L'agence souligne une très grande probabilité de défaut de la Grèce sur sa dette avec des problèmes de solvabilité à moyen terme.

Un pare-feu européen en construction

En effet, la crise de la dette souveraine reste aïgue : le FMI entend prendre en compte le financement du pare-feu, mécanisme essentiel pour éviter toute contagion de la crise de la dette aux pays du sud de l'Europe, en l'occurrence, l'Italie et l'Espagne. A ce sujet, les pays du G20 cette semaine et le FMI soutiennent l'idée de combiner les fonds du fonds européen de stabilité financière (FESF) avec le mécanisme européen de stabilité (MES), ce qui permettrait d'obtenir pas moins de 750 mlds d'euros.

Pour l'instant, l'Union européenne n'a pas tranché sur la question du pare-feu,  la prochaine étape dans les discussions étant prévue pour la fin du mois de mars au sein de l'Eurogroup.

 

Cependant, face à la pression internationale, le 02 mars dernier, il a été convenu d'accélérer la création de ce pare-feu, avec le versement de 2 tranches dès cette année pour un capital initial en numéraire de 80 mlds d'euros. Les pays de la zone euro pourront verser 620 mlds d'euros dans ce fonds d'urgence. Ainsi, le MES aurait une capacité de prêt de 500 mlds d'euros et vraisemblablement conserver une note de triple A.

 

L'objectif désormais est d'achever la constitution du capital du MES en 2015, soit un an à l'avance, au lieu des 5 tranches, à raison d'une tranche par an. A suivre ...

L'euro en berne inférieur à 1,32 dollar

Au final, cette semaine très chargée en matière de nouvelles concernant la zone euro n'a guère rassuré les marchés.

 

En dépit du risque de défaut grec qui s'éloigne sur sa dette d'un montant de 14,5 mlds d'euros le 20 mars prochain, de l'adoption de la "règle d'or" budgétaire, de la prise en compte du renforcement du pare-feu et de la massive intervention de la BCE, l'euro s'est largement déprécié par rapport au dollar, inférieur à 1,32.

 

Les marchés restent préoccupés par le ralentissement économique de la zone euro, en particulier l'Allemagne, et de la récession des pays du Sud aux finances publiques très fragilisées.

(03/02) : 20:00 CET : cours euro dollar : 1,3194 - 0,8768%

A suivre ...

6 mars : FESF : vente de 3,5 mlds d'euros de titres à échéance 91 jours
8 mars : date de clôture de l'échange de la dette avec les créanciers privés
9 mars : accord définitif sur le second plan d'aide à la Grèce

12 mars : réunion des ministres des finances de la zone euro
13 mars : décision de l'UE d'accroître le montant du pare-feu européen
13 mars : accord du FMI sur ce second plan d'aide à la Grèce
12/14 mars : activation des fonds à la Grèce

 

PS : principaux indicateurs économiques et financiers de la zone euro :link

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