Crise de la zone euro : "Spanic" à bord

Publié le par le blog de Fran. R.

drapeau-espagnol

La prochaine étape de la crise des dettes souveraines pourrait bien être intitulée "Spanic", nouvelle expression pour signifier littéralement "Spain in Panic", second volet, après, l'éloignement du moins à court terme du spectre du "Grexit".

L'Espagne, dans une condition "critique"

Principal sujet d'incertitudes sur les marchés, l'Espagne a été au coeur des discussions dans le cadre du sommet du G20 à Los Cabos au Mexique. Pour sa défense, le ministre de l'économie, M. C. Montoro, a plaidé pour une intervention musclée de la Banque centrale européenne (BCE) afin d'apaiser les marchés.

Et pour cause, aujourd'hui, l'Espagne a réussi à lever 2,4 mlds d'euros de bons à échéance de 12 mois à un taux très élevé d'un montant de 5,074% (contre 2,985% lors de l'adjudication du mois dernier pour un montant de 2,19 mlds d'euros). La demande a été soutenue avec un ratio de couverture de 2,2 (contre 1,8 précédemment). L'Espagne a également émis 640 millions d'euros de bons à 18 mois à un taux de 5,107% (contre 710 millions d'euros à un taux de 3,302% sur la même échéance lors d'une précédente adjudication). Là encore, le ratio de couverture a été élevé à 4,4 versus 3,2 auparavant.

Cela augure mal pour la prochaine étape jeudi prochain où le Trésor va émettre jusqu'à 2 mlds d'euros de titres à échéance 2, 3 & 5 ans. Aussi, autrement dit, il apparaît que, à mesure que le Trésor limite la taille de ses interventions sur les marchés avec des montants faibles, les taux d'intérêt ont tendance à augmenter fortement.

Ainsi, dans de telles conditions, selon les propos tenus par M. C. Montoro, l'Espagne est dans une condition qualifiée de "critique" ce qui a conduit l'économiste M. N. Roubini d'anticiper une sortie du pays des marchés financiers dans un proche avenir...

Un système bancaire à l'agonie

Or, la confiance dans la capacité du gouvernement Rajoy à juguler la crise ambiante s'amenuise un peu plus davantage. La dernière nouvelle en date est le report de la publication de la situation financière des banques espagnoles à une date ultérieure en septembre.

En effet, la Banque d'Espagne a demandé aux 4 auditeurs qui examinent les bilans des banques de retarder leurs rapports afin d'examiner plus en détail la situation financière des établissements bancaires. Aussi, les rapports des auditeurs concernant les 14 principaux groupes seront publiés en septembre au lieu du 31 juillet.

Toutefois, un premier aperçu du paysage bancaire espagnol serait maintenu comme prévu au 21 juin. Voilà encore un mauvais signal à l'encontre d'une confiance largement entamée envers la péninsule ibérique !

Déjà, les chiffres publiés hier par la Banque d'Espagne ont laissé entrevoir une hausse des créances douteuses pour le mois d'avril à 8,72% du montant total des créances contre 8,37% en mars et 8,15% en février. Ainsi, le total des créances douteuses ressort à 152,74 mlds d'euros, d'où de nombreuses spéculations au sujet de l'aide effective à apporter au secteur bancaire.

Espagne créances douteuses au 15 juin

D'après un audit indépendant, les banques espagnoles pourraient avoir besoin jusqu'à 150 mlds d'euros en guise de provisions tandis que les cabinets Oliver Wyman et Roland Berger avanceraient une fourchette de 60/70 mlds d'euros. De plus, les prêts consentis à l'économie sont en recul de 3,7% en avril en glissement annuel tandis que les dépôts ont reculé de 5,39% sur la même période.

Vers un risque réel d'insolvabilité

De ce fait, il apparaît que l'Espagne est en proie à un risque réel d'insolvabilité matérialisé par des tensions accrues sur le marché obligataire où le rendement des obligations d'Etat à 10 ans a atteint la barre des 7%, et ce, pour la première fois depuis son entrée dans la zone euro.

A ce rythme, l'Espagne sera acculée assez rapidement à demander un plan d'aide international non pas seulement pour les banques dont le montant exact reste à définir mais aussi pour le pays lui-même.

Conclusion 

Or, dans une telle éventualité, le coeur de la discussion sur la zone euro se situera bel et bien sur la capacité du pare-feu à endiguer tout risque de propagation aux Etats périphériques et sur la nécessaire création au plus vite d'une union fiscale et/ou bancaire afin d'éviter une dislocation de l'euro. A suivre ...

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