Espagne : une bouffée d'air pour les banques dans un cadre des finances publiques dégradées

Publié le par le blog de Fran. R.

Rajoy

Une aide pour le système bancaire espagnol

En ce début de semaine, l'Espagne a demandé de l'aide pour ses banques ( Espagne : demande officielle d'une aide pour ses banques ) alors que dans le même temps, l'agence de notation Moody's Ratings a déclassé les notes des établissements financiers du pays ( Espagne : Moody's : dégradation des notes des banques espagnoles ).

De son côté, la Commission européenne a accordé son feu vert au plan d'aide de Bankia qui devra comprendre les éléments suivants :
- la conversion d'actions préférentielles détenues par l'Etat pour un montant de 4, 465 milliards d'euros
- une garantie de liquidité de 19 milliards d'euros au bénéfice de Bankia et de sa maison mère BFA.
- un plan de restructuration à présenter dans les 6 mois à venir

Enfin, dans le cadre du sommet européen, il a été décidé que l'aide promise de Bruxelles transitera par les fonds européens sans les contraintes restrictives de type "Troîka", l'unique condition requise étant le respect des objectifs de réduction budgétaire de l'Etat.

Le défi du respect de la contrainte budgétaire de l'Etat

Or, le gouvernement espagnol demeure en grande difficulté. En effet, le risque est grandissant de voir le pays ne pas tenir l'objectif de réduction du déficit budgétaire à 3,5% en 2012 car sur les 5 premiers mois de l'année, le déficit s'élève déjà à 3,41% du PIB du fait du transfert de 9 mlds d'euros à destination des régions. Pour mémoire, les régions représentent un déficit budgétaire de 2,38% du PIB.

D'où les mesures suivantes qui seront prises prochainement conformément aux recommandations de l'UE et du FMI :
- relèvement de la TVA, actuellement de 18% avec les taux réduits de 4% et 8%
- suppression d'avantages fiscaux liés à l'immobilier
- introduction d'une "taxe verte" sur l'essence

Le Parlement a approuvé le budget d'austérité de 2012 tandis que M. M. Rajoy a réitéré son engagement de réduire le déficit de 8,9% en 2011 à 5,3% cette année.

Les finances publiques restent tendues. A en croire, le Trésor, les liquidités ont diminué de 10 mlds d'euros entre mars et avril dernier, passant ainsi de 54 mlds d'euros à 44 mlds seulement, d'après les comptes de la banque centrale. Sur le front des marchés, l'Espagne continue à payer le prix fort pour ses adjudications alors que les échéances restent courtes. Ainsi, cette semaine, le pays a levé 3,08 mlds d'euros de bons à 3 et 6 mois à des taux en forte hausse.

Un contexte économique dépressif

C'est dans ce cadre que la Banque d'Espagne, dans son rapport mensuel, indique que le PIB devrait reculer davantage au second trimestre 2012 comparé au premier trimestre 2012 où la baisse a été de 0,3%, la contraction du PIB s'expiquant par un recul de la consommation des ménages, des ventes au détail et des ventes de voitures. Il n'est guère étonnant alors que le taux d'inflation s'est ralenti au cours des 3 derniers mois en juin à 1,8% contre 1,9% en mai.

Conclusion

Bruxelles a donné un coup de pouce à l'Espagne en tentant de déconnecter crise bancaire et budget de l'Etat. Le gouvernement Rajoy a encore affirmé qu'il n'a pas l'intention de recourir au FESF pour acheter des obligations d'Etat. Mais la route reste longue tant que la récession qui sévit à l'heure actuelle est profonde, asséchant les recettes de l'Etat qui doit faire face à des dépenses incontournables en hausse. A suivre ...

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