Synthèse crise de la zone euro du 24 au 30 juin 2012 : 1 EUR = 1,2665 USD

L'évènement majeur de cette semaine écoulée ont été les mesures entreprises dans le cadre du sommet du conseil européen ( Crise zone euro : sommet européen des 28 & 29 juin 2012 ) susceptibles d'endiguer la crise des dettes souveraines et, en particulier, de déconnecter la santé des finances publiques d'un Etat et la crise locale de son système bancaire. L'effet immédiat a été une réelle appréciation de l'euro contre le dollar, s'affichant au-delà de la barre des 1,25.

Vers une consolidation des bases de la zone euro ...

En dépit de l'opposition de la chancelière allemande, Mme A. Merkel, d'utiliser de façon plus souple des fonds européens de secours (FESF et MESF), qui ne sont autorisés pour l'instant qu'à aider les gouvernements et non directement le secteur bancaire et la rencontre infructueuse le 27 juin avec son homologue, le président français, M. F. Hollande, le sommet du Conseil européen s'est soldé par un succès apprécié des marchés compte tenu des effets attendus pour apaiser la crise des dettes souveraines ( Crise zone euro : impact des mesures du sommet européen des 28 & 29 juin 2012 ).

Toutefois, l'Allemagne estime qu' un partage du fardeau de la dette au sein de la zone euro serait "économiquement erroné" et "contre-productif" et s'apprête à mettre en place des garde-fous en conséquence, notamment en liant le pacte fiscal et le MES ainsi que l'exigence d'un accord d'un Etat en cas d'achat de leurs obligations sur les marchés.

Par ailleurs, la Commission européenne a déclaré être prête à faire une proposition de taxe sur les transactions financières dès l'approbation d'au moins 9 Etats membres de l'UE. L'Allemagne et la France sont d'ors et déjà favorables à son adoption dès 2013.

... dans le cadre d'un contexte économique défavorable

Peu d'indicateurs cette semaine ont été publiés si ce n'est l'indice du sentiment économique de la Commission européenne qui a reculé de 90,5 en juin à 89,9 en mai en raison du pessimisme des industriels sur les commandes à venir, son plus bas niveau depuis octobre 2009. Le taux d'inflation est resté stable dans la zone euro en juin à 2,4% comme le mois précédent.

D'après Ernst & Young, la région de la zone euro pourrait connaître une reprise "anémique" en 2013 après une récession en 2012 en raison du fait que les dirigeants tentent de relancer la croissance tout en réduisant les déficits budgétaires. La zone euro devrait se contracter de 0,6% en 2012, avant de se stabiliser avec une croissance projetée de 0,4%. Ce rapport estime une croissance de 1,7% en 2014 et de 2% les années suivantes.

La Banque centrale européenne (BCE) pourrait abaisser ses taux directeurs de 1% à 0,75% la semaine prochaine alors que d'après son rapport, le montant des crédits consentis à l'économie réelle stagne pour les ménages et baisse pour les entreprises. Ainsi, les prêts accordés à l'économie réelle ont diminué de 0,1% en juin comparé à mai. Dans le détail, les nouveaux prêts accordés aux entreprises ont chuté de 10 mlds d'euros en mai après une hausse de 7 mlds d'euros en avril tandis que les prêts accordés aux ménages se sont élevés à 2 mlds d'euros en mai contre 7 mlds d'euros en avril.

Une lueur d'espoir pour les Etats de la périphérie ...

- Irlande

L'Irlande reste optimiste sur sa possibiité d'accéder aux marchés l'an prochain et de voir une renégociation de son plan d'aide. Sur le plan économique, les nouvelles sont encourageantes avec une reprise du marché immobilier : une légère hausse des prix de 0,2% en mai en glissement mensuel. La baisse des prix ressort à 15,3% par rapport à mai 2011.

- Portugal

Le Portugal a annoncé un déficit budgétaire de 4,3% au premier trimestre 2012, conformément aux objectifs de la "Troïka".

- Italie

Sur les marchés, l'Italie a réussi ses 3 adjudications mais avec des taux en hausse tandis que l'économie du pays reste sous tension. Ainsi, L'organisation patronale , la Confindustria, a réduit ses prévisions de croissance pour 2012 et 2013, et a souligné que l'économie était tombée dans un "abysse". Leurs estimations ont été revues à la baisse : le PIB devrait diminuer de 2,4% cette année (contre estimation précédente : -1,6%) et de 0,3% l'an prochain (contre +0,6% précédemment). Le ratio dette/PIB devrait ressortir ) 125,7 (estimation: 121,3% auparavant) contre 120,1% en 2011. Ce ratio devrait s'élever à 125,8% en 2013

Cependant, le climat des affaires en Italie s'est amélioré en juin, l'indice passant de 86,6 en mai à 88,9 dû à une perception meilleure de l'évolution de la production dans les prochains mois. De plus, le gouvernement Monti a gagné un vote de confiance sur les réformes du droit du travail.

- Espagne

Espagne : une bouffée d'air pour les banques dans un cadre des finances publiques dégradées

- Chypres

Chypres officiellement a demandé un plan d'aide ( Chypres : Demande officielle d'aide à Bruxelles ) tandis que, dans le même temps, l'agence de notation Fitch a dégradé la note souveraine du pays, ( Chypres : Fitch : dégradation de la note souveraine )actuellement dans la catégorie "junk", et assortie d'une perspective négative.

Les représentants du FMI se rendront à Chypres la semaine prochaine pour engager des pourparlers en vue d'un plan d'aide à venir alimenté via les fonds européens FESF ou MES. Le pays pourra être également secouru par ses alliés, la Chine et la Russie. A suivre ...

- Grèce

La Grèce : l'attente des inspecteurs de la "Troïka"

... tandis que le coeur de la zone euro s'essoufle

- France

Selon l'INSEE, la croissance du PIB a été nulle au 1er trimestre 2012 après une très légère hausse de 0,1% au 4ème trimestre 2011. Il devrait en être de même pour le deuxième trimestre suivi d'une légère hausse du PIB de 0,1% au troisième trimestre et de 0,2% au quatrième trimestre.

Quant à la dette publique, elle s'élève à 89,3% du PIB fin mars

- Allemagne

L'Allemagne reste très inquiète de l'évolution de la crise de la zone euro. Ainsi, selon l'IFO, l'Allemagne est entrée dans une "faible phase", l'institut prévoyant une croissance de 0,7% en 2012 et de 1,3% en 2013 en raison d'une hausse de la demande intérieure à 1,5%.

Sur le front du marché du travail, le nombre de demandeurs d'emplois a progressé de 7.000 en juin, soit 2,882 millions de chômeurs (en données corrigées des variations saisonnières). Le taux de chômage reste quant à lui inchangé à 6,8%,au-delà du consensus (6,7% : + 5000 chômeurs de plus). De plus, les ventes de détail ont chuté pour le 2nd mois consécutif en mai à (-0,3%) par rapport à avril.

Contre toute attente, l'indice de confiance des consommateurs a augmenté fin juin à 5,8 contre 5,7 le mois dernier. L'inflation est restée en-dessous du seuil de 2% pour le 2ème mois consécutif à 1,7% en juin contre 1,9% en mai (consensus : 1,8%) selon l'Office fédéral de la statistique.

Conclusion

Suite aux mesures adoptées lors du sommet européen des 28 et 29 juin dernier, l'euro s'est fortement apprécié par rapport au dollar pour terminer la semaine à plus de 1,26 dollar pour un euro.