les marchés obligataires sont-ils devenus fous?

Publié le par le blog de Fran. R.

Les marchés obligataires sont-ils devenus fous ?

 

Depuis quelques jours un vent de panique souffle sur les marchés financiers. Cette crise se catalyse sur la crainte de voir la fin de la zone euro avec la sortie de pays européens, du moins les plus endettés et/ou en difficulté.

 

Généralisation de l'austérité partout en Europe

 

En effet, il semble que ce sont les marchés financiers qui dictent les politiques économiques à mettre en œuvre dans les États européens. Ce que semble préconiser par les créanciers européens, ce sont avant tout des politiques draconiennes de réduction des dettes publiques au vu de la croissance de leur richesse nationale.

 

Dans cette optique, le nouveau premier ministre espagnol, M. Mariano Rajoy, dont l'entrée en fonction est prévue autour du 20 décembre prochain, prône la rigueur en Espagne, avec pour objectif le remboursement de la dette publique. L'objectif est l'adoption d'une loi organique qui comprend une « règle d'or » budgétaire, à savoir d'ici 2020, le déficit structurel de l'Etat doit être de 0,26% du PIB et celui des régions autonomes de 0,14%.

Mais quid des mécanismes de surveillance pour respecter ces limites ? Et que dire de la date butoir, 2020 ? Cela ne risque t-il pas de focaliser les marchés encore plus sur les finances publiques espagnoles compte tenu de l'état de son économie ?

 

Quant à la France, elle reste sur ses gardes, plus stressée que jamais par le risque imminent dit-on dans les cercles financiers de la perte de son triple AAA, la note la plus élevée attribuée par l'agence de notation Standard &Poor's, pour les pays dit sans risque. A ce sujet, le rendement de l'emprunt à 10 ans aujourd'hui a frôlé les 3,7%, à comparer avec l'Allemagne, 2%. L'agence de notation Fitch soutient pour l'instant la note de la France à condition qu'elle ne subisse pas de chocs à l'avenir.

 

C'est pourquoi, dans un tel climat, le gouvernement Sarkozy prépare un nouveau tour de vis supplémentaire si on se réfère au rapport économique et financier du gouvernement. Les dépenses publiques ne devraient pas augmenter de plus de 0,4% par an et le déficit se réduire à 3% du PIB en 2013 et de 0% en 2016. Cela devrait conduire à une sévère purge en matière de salaires des fonctionnaires, des dépenses de santé et en toute vraisemblance de nouvelles taxes ou de hausses d'impôts. Mais cela n'a rien à voir avec des mesures encore plus strictes envisagées dans les pays les plus endettés en Europe.

 

Par exemple, L'Irlande envisage un programme de sévères économies dans le secteur public, avec pour objectif en 2015, une réduction de 37500 unités du nombre de fonctionnaires, ce qui correspond à une réduction d'au moins 15% de la masse salariale des employés du secteur public par rapport à 2008. Les économies de ce nouveau plan d'austérité se chiffrent à 2,5 milliards d'euros par an. De plus, il serait également envisagé d'accroître de 2 points le taux de TVA à 23%.

 

Vous avez dit contagion ?

 

Ce qui est sûr, c'est que partout en Europe, les politiques d'austérité sont de rigueur et à l'ordre du jour. Et pourtant, les créanciers des Etats européens semblent inquiets plus que jamais par le risque d'une implosion de l'Europe. En quelques chiffres, l'assurance contre le risque de défaut des dettes des Etats européens, appelés CDS (credit default swaps) a atteint des records aujourd'hui pour l'Espagne, la Belgique, et la France (respectivement 489, 362 et 247 points de base).

 

De plus, l'Allemagne a reçu un accueil très frais sur les marchés obligataires, les obligations allemandes à 10 ans n'ont pas trouvé une demande suffisante à la vente aux enchères. Seuls 65% de leur offre a été satisfaite. Le rendement des obligations à 10 ans a atteint 2% après l'enchère.

 

C'est dire à tel point les marchés obligataires sont très nerveux concernant le potentiel de l'Europe et de l'avenir de l'Euro. Apparemment les créanciers semblent attendre des mesures concrètes à court terme susceptibles de les rassurer. En attendant, les politiques d'austérité mises en œuvre en Europe risquent d'entraîner le continent dans un cercle vicieux : Pas ou peu de croissance économique, donc moindres rentrées fiscales, détérioration des finances publiques, et ainsi de suite. C'est dans cet optique que l'économiste Stiglitz a souligné le risque significatif d'une récession européenne.

 

Alors, l'Europe a t-elle les moyens de sortir de cet atmosphère d'incertitudes tant économiques que financières ? Cela dépend avant tout d'une volonté politique qui semble être très tatillonne en ce moment. Oui, les marchés ont besoin d'être rassurés tant sur le long terme avec des politiques de réajustement budgétaire mais aussi sur le court terme, ce qui semble si difficile à l'Europe de faire valoir pour l'instant. Non, les marchés obligataires ne sont pas fous, juste nerveux, face à des risques de démembrement de l'euro.

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